Bruno Mazza : Construire une nouvelle ambition
En l’espace de dix ans l’entreprise familiale de BTP s’est modernisée et diversifiée avec efficacité. Elle est aujourd’hui un des acteurs majeurs du secteur en Pays de Savoie.
Bruno Mazza, 42 ans, a repris l’entreprise familiale en 2008 après dix ans passés chez des équipementiers automobiles. Lorsque son père décide de vendre la société qu’il avait créée 30 ans plus tôt à Saint Ferréol en Haute Savoie, Bruno Mazza a le déclic et se lance dans le grand bain de l’entrepreneuriat. Il veut sauvegarder et développer l’entreprise, « trop petite, pas assez modernisée, et qui du coup ne trouvait pas d’acheteur ». Il troque ses costumes-cravates pour des tenues plus adéquates de conducteur de travaux, et apprend son nouveau métier avec humilité. L’entreprise Mazza compte alors une vingtaine de salariés et réalise un peu moins de 2 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel, essentiellement sur appels d’offres pour des promoteurs et des collectivités.
Un pari risqué
Reprendre une société artisanale en 2008 alors que la crise financière pointe le bout de son nez n’est pas une mince affaire. Bruno Mazza doit faire preuve de courage et de ténacité pour garder le cap, et se montrer audacieux. Des valeurs savoyardes qu’il revendique. « Mon père répondait à une demi-douzaine d’appels d’offres par an ; moi j’en ai fait 80 la première année. Un chef d’entreprise doit être un peu fou et avoir de l’ambition. »
Ses plus grosses difficultés il les a connues ensuite : « j’ai dû batailler avec les lourdeurs administratives pour développer mon business, et affronter une concurrence devenue féroce de la part de grands groupes extérieurs aux Pays de Savoie qui tirent les prix vers le bas en employant de la main d’œuvre européenne à bas coûts. »
Autre point noir : la pénurie de main d’œuvre qualifiée. Bruno Mazza modernise l’entreprise, investit dans l’informatique et de nouveaux matériels, réorganise la société et recrute. « À partir de 2013 les embauches locales sont devenues difficiles faute de main d’œuvre bien formée, explique l’entrepreneur. C’est encore vrai aujourd’hui en particulier dans le gros œuvre : nous employons une soixantaine de personnes là où il en faudrait une centaine pour atteindre une taille critique mais nous n’arrivons pas à recruter ».
Des marchés porteurs
Parmi ses plus belles réussites le dirigeant pointe la diversification de son activité dans les travaux publics. « Ils représentent un quart de notre activité. Il faudrait que ce métier s’équilibre rapidement avec celui du gros œuvre difficile à développer en raison de la pénurie de main d’œuvre ». Il se félicite également de sa stratégie d’alliance menée avec d’autres acteurs locaux. « Pour remporter de gros marchés nous devons aujourd’hui nous associer avec certains de nos concurrents. »
Mazza BTP réalise aujourd’hui 6,5 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel avec une soixantaine de salariés. Et Bruno Mazza a un rêve : que les donneurs d’ordre acceptent enfin d’inscrire dans leurs appels d’offres une préférence pour les entreprises locales « en prenant modèle sur nos voisins suisses, pour que les petits prix ne soient plus le seul critère discriminant ».