Olivier Perrissin-Fabert : « La fibre entrepreneuriale m’a rattrapé ! »
En 1998, Olivier Perrissin-Fabert envisage une carrière parisienne confortable quand son ADN entrepreneurial prend le dessus. De retour à Annecy, il réinvente l’entreprise paternelle de photogravure, vouée à disparaître sans modernisation. Le studio graphique et l’imprimerie numérique de Kalistene réconcilient aujourd’hui les univers du « print » et du digital.
Un héritage qui se mérite
Avec une vraie passion pour les sciences, Olivier Perrissin-Fabert entame un parcours classique : classe prépa, école d’ingénieur (Ecole Centrale Supélec Technologies de l’information). « Au moment où mon père allait prendre sa retraite, j’avais 23 ans… et contre toute attente, j’ai annoncé à mon école d’ingénieur que je ferai mon stage de fin d’études chez Perrissin-Fabert. J’étais déjà embauché quand j’ai décroché mon diplôme ! »
De la photogravure, l’entreprise passe progressivement à l’impression numérique et au design graphique.
L’inspiration et l’ambition sont là : Olivier Perrissin-Fabert est sensible à l’art, féru d’expositions, curieux des nouvelles technologies. Mais cette ouverture intellectuelle et cette soif de changement ne suffisent pas pour convaincre. Le jeune Directeur joue la carte de l’humilité pour construire sa légitimité, auprès de la clientèle et auprès du personnel de l’entreprise. « C’est en livrant leurs commandes que je me suis présenté à chacun de nos clients. En interne, j’étais conscient qu’il me fallait faire mes preuves pour gagner le respect. »
Innover sur toute la chaîne de valeur
Après avoir présidé Perrissin-Fabert de 1998 à 2006, Olivier fonde Kalistene.
« J’ai repris l’entreprise Color Presse à la demande de ses dirigeants pour créer Kalistene. Le studio de création graphique a ouvert notre champ d’action. Il nous permet de maîtriser la production d’un document, de sa conception à son impression. Notre démarche créative renforce nos liens avec les entreprises que nous accompagnons de A à Z. »
Lecteur assidu de la presse économique, Olivier Perrissin-Fabert suit le parcours des entreprises locales avec intérêt. « Nous sommes fiers de travailler pour des marques renommées comme Stäubli, Salomon, Somfy… Je suis également très heureux de participer au développement de l’identité des start-up et des PME régionales. La création graphique est une étape stratégique dans le branding d’une entreprise qui arrive sur le marché, au même titre que la résolution de ses problématiques industrielles et commerciales. »
Digital et print : deux univers complémentaires
Pour Olivier Perrissin-Fabert, malgré la déferlante Internet, l’impression a encore de beaux jours devant elle, « pour peu que ses contenus soient pertinents, que sa forme soit attrayante et qu’elle sache interagir avec l’univers digital via la réalité augmentée. »
Après un investissement lourd sur de nouvelles technologies d’impression numérique, Olivier Perrissin-Fabert mise sur l’acquisition de matériels de finition haut de gamme.
« Je ne suis pas dans la course au volume. Aujourd’hui, je recherche avant tout la qualité. Les supports imprimés deviennent des objets de prestige, des vecteurs d’image incontournables. Fini les catalogues en noir et blanc de 500 pages dont se servaient les commerciaux. La liste exhaustive des références d’une marque a sa place sur son site, régulièrement actualisé pour des recherches précises. Mais la brochure institutionnelle de 32 pages que l’on donne au client reste un outil de communication ultra puissant, un symbole de lien qui mérite une attention particulière. De même, je suis persuadé qu’une centaine de cartes de vœux signées a beaucoup plus d’impact que 1000 mails anonymes, même s’ils sont envoyés avec un GIF animé ultra sympa ! »
« Je suis obsédé par la qualité du service rendu »
Souplesse, réactivité, fiabilité sont les maîtres-mots d’Olivier Perrissin-Fabert.
« Si je dois mettre des documents sous pli pour qu’ils soient livrés à temps sur le stand d’un client qui expose sur un salon, j’y passe la nuit. Pour respecter mes engagements, en termes de délais notamment, je ne regarde pas le coût d’une solution d’urgence. Les relations de confiance dépendent de notre implication, pas seulement de nos produits. »
Cette stratégie d’accompagnement sans faille a placé Kalistene dans le top 3 des imprimeries de Haute-Savoie. Avec 8 graphistes et une équipe de concepteurs, photographes, rédacteurs free-lance, le studio prend en charge la création de supports. « Nos clients – des collectivités territoriales comme Evian, Thonon, Annecy, ou des industries comme Mobalpa, SNR – savent que nous n’allons pas au-delà de notre cœur de métier. Pour le webdesign (la création de sites), nous les orientons sur des agences de développement sélectionnées par notre Direction Artistique. Là aussi, je privilégie notre savoir-faire pointu à une prestation globale « 360° » qui pourrait manquer de rigueur. »
RSE Kalistene : management participatif et matières premières écolabellisées
(> en savoir plus avec l’article RSE)
Les 28 employés de Kalistene réalisent la création graphique, l’impression et le façonnage sur le même site de Cran Gevrier. A leur tête, un dirigeant « à l’ancienne » (selon ses propres termes) qui transmet des messages spontanés, préférant l’autorité juste à la « fausse camaraderie ». Olivier Perrissin-Fabert revendique le pragmatisme observé dès son plus jeune âge dans l’atelier de son père. « Pour appréhender les réalités de nos métiers, régler les problématiques de terrain, humaines ou techniques, je n’ai pas d’autres méthodes que le management participatif, l’empathie et l’attention aux autres. »
En tant qu’imprimeur responsable, il intègre la logique de développement durable qui encadre son secteur. « Il est de mon devoir de proposer des solutions qui respectent l’environnement. Avec nos 15 machines, nous imprimons 600 tonnes de papier par an, soit 50 millions de pages ! Notre pâte à papier est certifiée FSC (Forest Stewardship Council soutenu par WWF) et PEFC. Ces certifications assurent la gestion durable des forêts, dans le respect de leurs fonctions environnementales, économiques et sociales. Les hommes employés sur les domaines forestiers travaillent dans de bonnes conditions, gèrent des coupes sélectives, reboisent et entretiennent la forêt. Le bois utilisé pour la pâte à papier n’est jamais celui qui sert à faire des belles planches pour les meubles. Pour aller plus loin dans notre démarche environnementale, je vais mettre en place la récupération des brochures et autres flyers inutilisés par nos clients pour alimenter notre filière de tri. »
Une entreprise en bonne santé, malgré la Covid-19
Après une reprise correcte depuis juin, Kalistene respire. L’équipe est sereine même si la rentrée 2020 reste calme. « Pendant notre baisse d’activité, jusqu’à 50%, nous nous sommes relayés, adaptés aux circonstances pour répondre aux questions urgentes, réorganiser nos vies professionnelles et personnelles. L’incertitude partagée nous a soudés. Le télétravail a fonctionné pour le personnel administratif mais pour les graphistes, rien ne vaut la puissance de l’échange oral pour démarrer une création ou résoudre un problème en dix minutes. Les dispositifs dont nous avons bénéficié, comme le chômage partiel, nous ont aidés ; nous n’avons pas encore activé le PGE ou le report de charges mais nous savons que nous pouvons compter sur ces soutiens. Côté clients, certains secteurs pour lesquels nous travaillons souffrent, comme l’aéronautique, alors que le vélo s’envole. »
Pour Kalistene, la crise sanitaire a été l’occasion de développer encore plus son approvisionnement local, pour des raisons sociales et environnementales, éthiques et pratiques. « Comme j’apprécie que mes clients cherchent à faire imprimer localement, je privilégie moi aussi les fournisseurs locaux. Etre proche sur le plan géographique, c’est garantir un meilleur service à mes clients. »