La mode « verte » grimpe en Savoie et Haute-Savoie

 Dans Éco

Problèmes d’approvisionnement, chute de la consommation… l’épidémie de COVID-19 a bousculé l’industrie textile. Ses acteurs ont réfléchi à la manière dont ils pouvaient redonner de l’assurance à leur filière tout en restant fidèles à leurs engagements.

Consommation directe et production de proximité

Pendant la fermeture des points de vente, la consommation en prêt-à-porter et chaussures  a évidemment opté pour les canaux e-commerce. « Les hésitants se sont rendus compte qu’il n’était pas si compliqué d’acheter des vêtements et même des chaussures en ligne, si l’échange est facile et rapide » a constaté Guillaume Linossier, dirigeant de Saola. Alors que la vente directe au consommateur s’est accélérée en ligne, l’approvisionnement en matières premières locales, moins polluant et garantissant l’autonomie des fabricants français en cas de fermeture des frontières, reste problématique. Selon Guillaume Linossier, « Notre industrie nationale ne peut fournir les fabricants du pays qu’à hauteur de 10% de leur demande. La solution serait donc de produire en Europe, et plus seulement en Asie, les matériaux de base destinés aux fabricants européens de vêtements et chaussures. »

Retrouver une fabrication vertueuse, où qu’elle soit implantée

L’industrie textile est la deuxième industrie la plus polluante au monde et les chiffres du gaspillage vestimentaire donnent le tournis. Chacune à leur manière, les marques Lagoped, Tranquille Emile, Sasytex et Saola innovent pour préserver l’environnement, respecter ceux qui fabriquent et portent leurs produits. Une démarche « slow fashion » s’impose dans notre région, grâce à des entrepreneurs engagés.

Lagoped, l’oiseau frugal

Christophe Cordonnier, Pierre Derieux et Julien Désécures, passionnés de montagne, ont couvé ensemble Lagoped dans l’incubateur Outdoor Sports Valley d’Annecy. Depuis 2018, ils commercialisent des « vêtements made pas loin et mieux » dédiés aux sports outdoor et militent pour la « réintroduction de l’Homme dans la nature ». Leurs clients « ne laissent que l’empreinte de leurs pas dans la nature », comme leur lagopède fétiche, un oiseau de la taille d’une perdrix qui vit dans nos montagnes. Leurs pantalons et vestes sont fabriqués en Europe selon des normes sociales et environnementales élevées, avec des matières recyclées. Leur veste Eve, par exemple, est tissée avec du fil recyclé à partir de 30 bouteilles plastique. Le leit motiv des dirigeants de Lagoped est de ne pas extraire de nouvelles ressources de la terre et de privilégier les circuits courts pour la fabrication, le tissage, le tricotage et la teinture.

Tissu éthique et durable

Les vêtements Lagoped sont garantis 5 ans et réparés en Haute-Savoie s’ils s’abîment. C’est ainsi que Lagoped est une des marques les mieux notées de Clear Fashion, l’application Yuka de la mode qui permet de choisir des vêtements respectueux de l’humain et de l’environnement, à télécharger sur Apple Store et Google Play. (lien hypertexte sur la thématique transparence in portrait Alexandre Jenny)

« L’impertinence responsable et environnementale » de Tranquille Emile

A Megève, Olivier Amourous a repris la marque à la grenouille bleu, blanc, rouge depuis peu. Avec Samuel Mabboux, gérant-fondateur de Tranquille Emile et moniteur de ski à l’École du Ski Français, il défend le 100 % made in France, du tissu à l’étiquette en passant par l’assemblage. Avec 95 % de ses fournisseurs implantés en Auvergne-Rhône-Alpes, l’entreprise veille à la conservation du patrimoine de l’industrie textile en France. Les vêtements Tranquille Emile sont teints, tricotés et confectionnés dans des ateliers régionaux labellisés Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV) ou France Terre Textile qui privilégient également l’insertion : 80% des personnes qui façonnent les sweats et t-shirts sont en situation de handicap.

Si Tranquille Emile vise le label « Origine France Garantie », la marque arbore déjà le label GOTS (Global Organic Textile Standard) qui certifie l’origine biologique des textiles, issus d’une agriculture respectueuse de l’environnement et socialement responsable et le label Oeko-Tex sur ses cotons (exempts de produits toxiques pour le corps et pour l’environnement). La marque poursuit en 2020 une démarche « upcycling » en utilisant des chutes de tissu et trie et recycle ses déchets et ses emballages depuis 2019.

Sasytex : haute technologie et écologie

Moins connue du grand public, la marque Sasytex installée près de Chambéry, à Belmont-Tramonet développe et produit des textiles techniques vendus dans le monde entier. Elle réalise 35 % de son chiffre d’affaires à l’export tout en maintenant une production locale. Dans la tissuthèque de Sasytex, plus de 1000 références répondent aux demandes spécifiques : défense, vêtement de travail, tentes, bagages, médical, agroalimentaire, ameublement…   Son ingénierie est axée sur le développement durable : Sasytex est certifiée Oeko-Tex, iso 9001 et iso 14001 pour la traçabilité de ses matières premières et son management environnemental. Elle propose notamment des textiles en fil NewLife®, 100 % issu du recyclage de bouteilles plastique collectées par Veolia en Europe, transformé et filé exclusivement en Italie.

Saola œuvre pour la biodiversité

« 60% des animaux sauvages ont disparu en 40 ans. Chaque paire de Saola aide à leur préservation » : c’est ainsi que se présente la jeune marque de chaussures de Guillaume Linossier. Si cette société d’Annecy-le-Vieux a choisi le saola, un bovidé du Vietnam, comme emblème, c’est pour communiquer fortement sur son parti pris environnemental.

La fabrication d’une chaussure traditionnelle produit 14 kilos de CO2 et chaque année, 25 milliards de chaussures sont fabriquées dans le monde… Dans le cadre de son engagement avec l’association « 1% pour la planète » Saola reverse 1% du revenu de ses ventes à des projets en lien avec la biodiversité.

Après une expérience américaine chez Lafuma, Guillaume Linossier a fondé Saola au sein de l’incubateur Outdoor Sports Valley en 2018, grâce à une campagne de financement participatif. Partant du principe que 60 à 70% de l’empreinte carbone d’une paire de chaussures est liée à ses matériaux alors que le transport de l’Asie vers l’Europe ne représente que 5% de cet impact, il a choisi de fabriquer ses chaussures au Vietnam avec des matériaux « vegan » : bouteilles de plastique recyclées, poudre d’algues collectées, coton biologique, liège… Toujours à la recherche de meilleures solutions, Guillaume Linossier espère pouvoir rapatrier sa production en Europe et utiliser des matériaux produits localement.

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