Pierre-André Aouizerats : « La french tech séduit loin de nos territoires et nous en sommes fiers ! »
À ses débuts, la société Astra fabrique uniquement des « premières de montage » (semelles intérieures) destinées aux chausseurs. En 1972, elle se dote d’un parc machine pour la soudure haute fréquence et devient leader français de l’assemblage de matériaux souples. Elle développe aussi la sérigraphie et la découpe technique à façon. Ces process industriels de pointe, éprouvés avec agilité pendant des décennies, ont séduit de nouveaux secteurs comme l’orthopédie, la protection individuelle et plus récemment l’agroalimentaire ou le milieu sportif.
Quels sont les avantages de la soudure haute fréquence?
La soudure haute fréquence permet d’assembler des polymères, PVC, polyamides, polyuréthanes et autres matières plastiques sans colle et sans couture, grâce à un champ magnétique qui fusionne les molécules. Nous pouvons adapter la température de fusion aux matières employées et à leur épaisseur. Les produits que nous proposons sont confortables, une qualité essentielle pour les patients qui utilisent notre matériel paramédical (sangles, ceintures lombaires, orthèses, éléments gonflables pour la rééducation fonctionnelle des membres par pressothérapie). Ils sont aussi hygiéniques, facilement lavables et utilisables en milieu paramédical ou agroalimentaire (filtres pour le lait et le vin). Ils sont étanches et sûrs comme nos airbags qui se glissent dans les gilets intérieurs des athlètes de l’Equipe de France de ski cross ; lisses et aérodynamiques comme les sièges des luges de compétition. Et enfin, ils sont personnalisables avec les logos et marquages demandés par nos clients comme la police par exemple.
Cette activité stratégique vous a-t-elle ouvert des perspectives internationales ?
Oui ! Nous sommes fiers d’exporter notre « french tech » dans 30 pays, en Europe, en Asie, au Moyen-Orient, en Russie et jusqu’en Australie … Nous livrons des ensembles finis ou semi-finis en matériaux souples et d’autres applications médicales et paramédicales. Nos technologies ultra-pointues devraient nous ouvrir d’autres destinations comme l’Amérique du Sud, où nous espérons développer des échanges. Notre bonne position européenne nous encourage à tout tenter pour devenir leader mondial des éléments de serrage. Le straping orthopédique pour le maintien des corsets, orthèses et attelles est une niche qui nous permet aussi d’entrer dans l’univers… du sport. Nous sommes très heureux d’avoir intégré l’Outdoor Sports Valley depuis 3 ans, grâce à nos nombreuses références pour le ski, la randonnée, le running, le treck, la moto…
Quelle est votre vision d’avenir pour Astra ?
Nous avons projeté un plan de développement ambitieux avec 30 % de nos ventes réalisées hors de nos frontières en 2020. Pour l’heure, c’est notre catalogue de pièces orthopédiques qui fait notre renommée à l’international. Nous multiplions les participations à des salons spécialisés où nos produits sont bien reçus. Je reviens d’un salon paramédical japonais et je suis convaincu que l’orthopédie représente un solide levier de croissance pour notre entreprise. De même, nous présentons nos nouveautés avec un focus particulier sur le confort anatomique et les orthèses souples au salon Arab Health de Dubaï, dans le dispositif Business France et Medicalps.
Avec quelles ressources humaines et quel outil industriel relevez-vous ce défi ?
Astra compte 27 employés, majoritairement impliqués dans la production. Notre développement commercial est principalement technique. Notre bureau d’études comprend trois personnes qui développent nos gammes et proposent sans cesse de nouvelles solutions à nos clients. Le sourcing (veille permanente pour trouver de nouvelles matières premières) et l’étude de nouvelles technologies sont au cœur de nos recherches. Notre conception est orientée « industrie » pour accroître ses chances de faisabilité. Nos préséries sont immédiatement testées par nos équipes de production pour répondre rapidement à la demande de nos clients, conformément à leurs cahiers des charges. Notre coopération interne explique notre agilité et nos courts délais, du développement à la livraison. En parallèle, nous avons investi près de 400 000 euros ces dernières années dans de nouveaux équipements, notamment dans des machines de découpe, de thermoformage, de marquage sérigraphique et d’impression numérique.
Comment définiriez-vous l’esprit d’entreprise Astra ?
Notre équipe est soudée autour de valeurs fortes, comme l’obsession de la qualité ou l’attachement viscéral à notre savoir-faire. La fierté liée à nos compétences uniques se transmet. Quand l’un de nous part en retraite, il forme ses successeurs. Cette démarche est vitale : ce que nous faisons ne s’apprend pas dans les écoles mais dans notre entreprise, au terme d’un ou deux ans de pratique.
Que représente la présidence d’Astra dans votre carrière ?
C’est une étape majeure, puisqu’elle m’a fait découvrir une région enthousiasmante. Je suis un fou de ski et je guette les premières neiges qui blanchissent la Chartreuse depuis la fenêtre de mon bureau ! Je suis né à Paris et j’ai fait des études de biochimie à l’Université Pierre et Marie Curie. Mon parcours professionnel m’a mené à Strasbourg et à Lyon pour diriger différentes entités, mais je revendique aujourd’hui un ancrage alpin et la fierté de fabriquer des produits 100% français, exportés à 15 000 km de notre territoire !
Astra en chiffres
chiffre d’affaires : 1,9 M€
surface ateliers : plus de 3000 m²
parc industriel : 15 machines de soudure HF, 10 presses à découper
certification : ISO-9001 depuis 2006