Graffmatt : une valeur montante du Street Art
Devenir un acteur reconnu de la scène artistique urbaine quand on vit à Chambéry n’est pas chose facile. Matthieu Lainé dit Graffmatt a pourtant réussi ce challenge. Exposé en galeries de Paris à New-York cet artiste savoyard continue néanmoins avec humilité d’exercer son talent dans la rue en compagnie du collectif des grapheurs de La Maise. Par pure passion.
Une mère artiste peintre, un père graphiste, Matthieu Lainé, 32 ans, a plongé tout petit dans le grand bain des arts graphiques. Sa voie était toute tracée. Ce natif de Saint-Jean de Maurienne étudie d’abord à Lyon les arts appliqués et la communication visuelle, puis l’audiovisuel à Chambéry. Il travaille un temps comme infographiste avant de pouvoir se consacrer pleinement à sa passion. « J’ai toujours beaucoup dessiné, mais je n’avais pas forcément en tête le projet de devenir artiste à plein temps. Je pensais que c’était compliqué, avoue Matthieu. Je me suis donc orienté d’abord vers le graphisme pour en faire mon métier. »
Au fil des années Matthieu accroche de nouvelles cordes à son arc – photographie, vidéo, création de sites internet – et découvre l’univers des graffeurs. « Je trouve mon inspiration dans la rue, j’aime les lieux abandonnés et les univers en mouvement », confie le jeune peintre qui maîtrise les techniques du graff et des matériaux détournés avec une prédilection pour le bois et pour le carton.
« En 2013 j’ai vendu mon premier tableau et suis donc officiellement devenu artiste, ça m’a donné confiance, reconnaît Matthieu avec humilité. En juillet 2017 j’ai commencé à travailler à mi-temps puis j’ai tout arrêté à partir de février 2018 et je regrette de ne pas l’avoir fait plus tôt.
Ses œuvres, signées Graffmatt, peintures, fresques urbaines, photographies et vidéos, s’inspirent de la bande dessinée et du Street-Art et appartiennent en plein à la culture hip-hop dont il se revendique.
Repéré par la société « Carré d’Artistes » (34 galeries d’art en France et dans le monde pour promouvoir le travail de jeunes artistes contemporains auprès du grand public en vendant des œuvres originales à prix modérés) Graffmatt expose d’abord à Paris, puis à Lyon, Marseille, Strasbourg et New-York. « Cette visibilité a déclenché beaucoup de ventes », reconnaît l’artiste urbain, qui a parallèlement pris en mains son destin commercial en créant une e-boutique sur son site internet. Efficace. Le créateur savoyard qui vit désormais de son art reconnaît travailler beaucoup pour répondre à ses nombreuses commandes.
Fresques urbaines
Farouchement indépendant, défenseur de la relation directe sans intermédiaire – ni galeriste, ni agent – avec ses admirateurs, dans la logique des nouveaux modèles consuméristes portés par sa génération, Matthieu Lainé est également un acteur engagé du collectif. Avec ses amis graffeurs de La Maise (une association d’une quinzaine artistes de la Motte-Servolex) il réalise des événements d’art éphémère dans des immeubles promis à la démolition (comme la tour de la Misaine à Aix-les-Bains en 2015). « Nous réalisons également des fresques extérieures à la demande d’entreprises, de collectivités ou de particuliers », explique Matthieu qui voudrait consacrer plus de temps à cette activité pour peindre sur de grands murs.
Autre projet : s’aventurer sur le chemin du récit en créant « une BD animée, une vidéo d’animation » en collaboration avec un scénariste. Histoire d’expérimenter une nouvelle forme d’expression. Graffmatt, un artiste à suivre !