Benoit Rastier : Redonner du sens et du plaisir
Le fondateur de l’agence évènementielle Poisson d’Avril à Chambéry a réussi à créer en Savoie le festival de musique électronique Pharaonic à la réputation nationale. Un sacré challenge qui a demandé une bonne dose d’opiniâtreté et une réelle force de conviction. Aujourd’hui Poisson d’Avril produit d’autres évènements culturels dans sa région d’origine avec l’ambition d’essaimer en France. Crédits photos: Laurent Lempens et Christian Rome
Pourquoi avoir créé votre agence événementielle « Poisson d’Avril » à Chambéry ?
Ça s’est fait tout naturellement. J’ai travaillé durant cinq ans à Paris au service communication du Medef en charge de l’évènementiel et j’ai eu envie, en 2001, de créer ma société, mais pas dans la capitale. Mes parents habitaient en Savoie et j’ai été un des premiers lauréats du réseau entreprendre Savoie. L’agence compte aujourd’hui cinq permanents et réalise environ 2 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel avec une clientèle essentiellement régionale.
A quels défis avez-vous fait face en vous implantant en Savoie ?
Nous avons dû faire nos preuves en bataillant contre notre image de parisien et pour imposer un métier qui, à l’époque, était encore méconnu. Les Savoyards aiment bien tout faire tout seuls, tout maîtriser, tout organiser. Ils sont très prudents et prennent leur temps pour décider. Nous avons dû nous adapter à ce moule culturel et évangéliser le marché en relevant certains défis.
Quelle est votre plus belle réussite en tant qu’entrepreneur ?
Le festival de musique électronique Pharaonic, créé en 2015 au Phare de Chambéry. Nous avons prouvé que l’on pouvait, en partant de zéro, monter un évènement d’audience nationale qui attire chaque année plus de 6000 personnes. Nous voulions redonner de la fierté aux jeunes savoyards et prouver qu’ici aussi, on peut faire bouger les choses !
Une difficulté qui vous a marqué ?
Plutôt un coup de stress pour le lancement du tunnelier du Lyon-Turin le 21 juillet 2016 avec la venue du Premier ministre Manuel Valls cinq jours après les attentats de Nice. Le climat était très tendu, tout se déroulait à 700 mètres sous terre avec d’énormes contraintes. Nous avons dû être efficaces. Ce risque terroriste pèse désormais en permanence sur notre activité. Nous l’avons intégré, cela demande plus de travail et entraîne des coûts plus élevés liés à la sécurité. Dans notre activité il faut créer la confiance et savoir nouer le dialogue avec nos partenaires pour rassurer. Cela dit, les gens ont pris l’habitude des mesures de sécurité comme les fouilles à l’entrée, même dans des évènements d’entreprises.
Le goût du risque, est-ce important quand on est entrepreneur ?
Être entrepreneur c’est savoir prendre des risques. Pour Pharaonic, attirer le public et des DJ de renom n’était pas une mince affaire la première année. Nous avons réussi. Reste à présent à équilibrer notre budget en trouvant le bon modèle économique. Pour cela il faut convaincre des partenaires et se projeter dans l’avenir pour imaginer les événements de demain.
Pourriez-vous sortir désormais de votre zone de confort ?
Nous souhaitons en effet décliner le Win73 (soirée événement de la délégation Pays de Savoie des Femmes Chefs d’Entreprises qui a eu lieu à Chambéry en 2018) dans d’autres départements et des manifestations comme le NRJ Music Tour dans d’autres stations après l’édition de Cluses en 2018. Pour cela nous devons à la fois être très créatifs et très organisés. Nous travaillons en équipe et nous savons utiliser les nouvelles technologies pour être plus performants et plus productifs.
Qu’est-ce qui a changé dans votre métier en 18 ans ?
L’évènementiel est devenu plus raisonnable du fait de budgets plus restreints. La dimension financière est aujourd’hui primordiale et la recherche de partenaires et de financements fait désormais partie intégrante de notre activité. Mais attention, on ne peut pas créer d’évènements virtuels à moindre coûts, ça ne marche pas. Notre mission est de rendre inoubliable un média qui est par essence éphémère, de lui donner du sens et de faire en sorte que les participants soient heureux d’être ensemble pour vivre la même chose au même moment.
Crédits photos: Laurent Lempens et Christian Rome